Je connais cette légende relaté par François Jacques :
Il y avait une fois de braves villageois d'Antvalle (Andenelle) de bonne et pieuse compagnie, à qui il arriva, par la volonté de Dieu , que la femme enceinte, ressentit mort dans ses entrailles, l'enfant qu'elle portait. Elle se lamentait de cette situation et s'en désolait. Mettant son espoir en la miséricorde de la bénie mère du seigneur Jésus, elle fit le vœu d'exposer, s'il se pouvait devant l'autel de la Bienheureuse Vierge Marie de la Vignette (Huy ) l'enfant qu'elle portait en son sein. Après ce vœu, elle mit au monde un enfant mâle, mais mort. Elle le prit et le porta à l'autel de la Bienheureuse Vierge Marie de la Vignette et, devant l'enfant, et avec des larmes, elle proféra sa prière. L'enfant reçu la vie et, au baptême le nom de Mort. L'enfant grandit, se mit à vivre la vie d'ermite. Après le décès de ses parents, il distribua tout son bien aux pauvres et, dans la simplicité de son cœur, il s'appliqua à servir Dieu. C'est pourquoi il était très aimé de tous et surtout des religieuses d'Andenne. Or, des brigands, poussés par une inspiration diabolique et s'imaginant qu'il détenait caché beaucoup d'argent, le tuèrent. Ne découvrant rien auprès de lui, ils s'empressèrent de prendre la fuite. En apprenant ces faits, les dames d'Andenne, qui connaissaient son innocence, envoyèrent un chariot pour emporter son corps et lui donner une sépulture en leur église. Mais lorsque la dépouille eut été préparée et disposée sur le chariot, les chevaux ne voulurent avancer d'aucune manière, bien qu'ils y fussent énergiquement engagés à coups de fouet. Tout le monde était stupéfait. L'un des assistants de s'écrier : " pourquoi ces fichus chevaux refusent-ils d'avancer? Laissons-les aller librement où ils veulent et ainsi nous découvrirons la volonté de Dieu ". Les chevaux abandonnés à eux-mêmes, sans conducteurs, amenèrent le corps par les routes tracées et des chemins détournés, à travers les buissons et les champs, à l'église de Notre-Dame de la Vignette, où il avait été présenté à sa naissance par sa mère et tiré de la mort. On l'enterra entre deux piliers; les malades venus à son tombeau jusque aujourd'hui y sont guéris, pour l'honneur de dieu et la louange de son nom, de la goutte, du mal de dents et d'autres affections".
Ce même auteur, François Jacques, a aussi donné un texte relaté par Godefroid Petit, curé de Saint-Mort au milieu du XVIe siècle :
Saint Mort, d'après nos ancêtres, naquit au voisinage d'Andenne et y mourut; il reçu toutefois la vie par une faveur divine et, au baptême, on l'appela mort né. Il survécut néanmoins, menant une humble vie, au milieu d'hommes frustes, dans la forêt, leur prêtant assistance dans la fabrication de charbons de bois. Enfin il choisit de vivre, dans les bois autour d'Andenelle, une vie d'ermite qu'il poursuivit saintement jusqu'au dernier jour de son existence. Or, comme plus personne ne l'apercevait, des voisins le recherchèrent consciencieusement et le découvrirent mort. Quand ils voulurent transporter sa dépouille à Andenne, les chevaux mus par dessein divin se rebiffèrent; mais lorsqu'on les tourna vers Huy, ils se rendirent, sans la moindre difficulté, à l'église paroissiale de Saint-Jean l'Evangéliste. C'est là que repose son corps honorablement inhumé dans la nef de l'église, entre deux piliers. On le voit représenté en tenue d'ermite : pieds nus, les cheveux épars sur les épaules, âgé apparemment de quatre-vingt ans, vêtu d'un manteau qui lui tombe sur les talons. Il tient de la main droite un chapelet avec un bâton ; de la gauche, un livre. Il est coiffé d'une calotte telle qu'en portent les frères mineurs sous leur capuchon. Il porte une longue barbe relevée de couleur d'or. En dessous, son corps est recouvert d'une pierre. Sur celle-ci, une autre pierre, en guise d'autel, s'appuie sur des colonnes : on y dépose les offrandes des pèlerins qui y affluent chaque jour dévotement pour être délivrés du calcul, du mal de tête, de dents, des douleurs de jambes et d'autres maladies. Mais on y offre en ex-voto, en fer et en cire, des jambes, des couronnes, des bras de même que des bandages, du sel, des pièces de monnaie, des poules, des poulets et d'autres hommages du même genre. Ceux-ci aux temps anciens étaient offerts en plus grande quantité et avec une dévotion plus considérable que maintenant, quand celle-ci s'illustrait au profit des infirmes, de miracles plus nombreux, lesquels à présent se font plus rares en raison d'un zèle décroissant. C'est de là que ce saint homme tire sa célébrité auprès des siens, depuis un temps immémorial, et que les curés célèbrent sa mémoire le jour de saint Mort, abbé.